Le campus de la Cité internationale universitaire de Paris, havre de paix et de résidence pour les étudiants universitaires de plus de 150 pays a été en première ligne de la tourmente de la crise sanitaire en 2020. La fermeture des universités annoncée le 17 mars 2020 impliquait, en effet, un confinement strict sur site de la plupart des étudiants et chercheurs logés sur place, dont les deux tiers avaient renoncé à retourner dans leur foyer : Près 4 000 résidents, sur les 7 000 lits que compte la Cité internationale étaient alors restés sur place. Dès la rentrée universitaire suivante, les maisons ont de nouveau fait le plein, avec près de 6 000 étudiants et chercheurs sur les sites, dont un tiers de français et deux tiers de nationalités variées.
Au fil du temps, une autre source d’inquiétude a émergé : la précarisation galopante des jeunes étudiants. La Cité internationale universitaire de Paris a ainsi dû faire face à la multiplication par 10 des sollicitations de soutien d’urgence.
La suspension ou l’annulation de stages ou d’emplois étudiants (coursiers, garde d’enfant, cours particuliers, barman…) sans que les intéressés ne puissent bénéficier du dispositif de chômage partiel, la fin d’une aide familiale en raison de la crise touchant certains pays émergents, la dévaluation des monnaies, le renchérissement du coût de la vie à la suite de la fermeture des restaurants universitaires sont les causes de cette situation dramatique.
La Cité internationale universitaire de Paris a su réagir au pied levé en mettant en place des mesures d’urgences : réduction de loyer pour les étudiants, lancement d’une campagne d’appel aux dons qui a permis de récolter près de 136 000 euros, augmentation du fond d’urgence Covid pour aider 189 étudiants en partenariat avec la région Île-de-France. En dépit des mesures déployées (les repas à 1 euro dans les Crous élargis à tous les étudiants, le réseau de distribution des repas mis en place par la Ville de Paris, mise en place d’une distribution de denrées alimentaires par les restaurants du cœur qui concernait pour près de 700 étudiants, soit 10 à 15 % des résidents de la Cité) et un retour à la vie normale permettant aux jeunes de retrouver potentiellement stages et emplois, la précarité reste aujourd’hui une réalité !
En 2021 et 2022, le nombre de demandes d'assistance d'urgence émanant de jeunes sur le campus reste soutenu. Le quart des demandes est motivé par une perte du soutien financier familial au cours de l’année universitaire, 18 % par l’épuisement de leur épargne prévue pour leurs études et 17 % par la perte d’une activité rémunérée. Dans bien des cas une situation personnelle, notamment sur le plan de la santé mentale et physique, rend difficile une activité salariale.
Une forte porosité entre épuisement psychique et précarité financière a été constatée par le pôle social de la cité. De nombreux étudiants n'ont plus la ressource personnelle pour surmonter leurs difficultés ! Les bourses d’Excellence de la Cité, qui permettent chaque année à plus de 70 résidents de voir leurs frais de séjour pris en charge grâce aux mécènes, entreprises et institutionnels ne sont pas adaptées pour répondre à ces situations de grande fragilité.
Cette problématique a fait l’objet de réflexions entre la Cité internationale universitaire de Paris et le Groupe Bolloré, un des mécènes depuis deux ans de ces bourses d’Excellence qui reposent sur des critères académiques et sociaux. Ces bourses ne sont pas adaptées aux situations de réelle détresse sociales auxquelles font face certains étudiants de la Cité universitaire.
À l'issue de ces réflexions, Laurence Marion (Déléguée Générale de la Cité internationale universitaire de Paris) et Dorothée Van Der Cruyssen (Directrice de l’Engagement Solidaire & Mécénat du Groupe Bolloré) ont co-créé un nouveau programme de bourse afin de relever ce défi qu’elles espèrent passager.